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Valse dédiée à Léopold 1er, Roi des Belges

Dernière mise à jour : 19 déc. 2021


Léopold 1er, par George Dawe (détail)

Ce n'est pas la 1e fois qu'on reconstitue de vieilles musiques oubliées du XIXe siècle. On n'en fait pas nécessairement un article, néanmoins il nous semblait que la musique dont il s'agit ici nécessitait au moins quelques mots d'explications, surtout en cette période de Noël où on aime ce qui brille, couleurs gueules et or, comme la veste de Léopold ci-dessus.


Contrairement à d'autres musiques, on n'a pas cherché à reconstituer spécialement celle-ci : le fait qu'on soit tombés sur elle est le simple fruit du hasard. En effet, cette valse (puisqu'il s'agit d'une valse) était reliée avec des quadrilles de contredanses des années 1830 dans un vieux recueil sur lequel nous avons pu mettre la main.


Un fait qui nous a réjoui, c'est que cette valse est dédiée à Léopold 1er, Roi des Belges, et qu'à la rédaction d'Antécédanses, nous sommes... Belges. Notez que cela pourrait tout aussi bien toucher les Français puisque le premier souverain du Royaume de Belgique a épousé Louise Marie d'Orléans, fille de Louis-Philippe : marier un prince allemand anglophile avec la fille du Roi de France était assez logique pour éloigner les menaces de guerre dans les années 1830. (A l'époque, on ne fait pas grand cas des Hollandais qu'on vient de bouter hors du territoire belge...)


"chambre de la Reine des Belges", Louise Marie d'Orléans, Grand Trianon, Versailles
Giovanni Tadolini, par Dantan, vers 1839

Le compositeur de la valse est Giovanni Tadolini. A l'époque où il crée le morceau, il est directeur de la musique au Théâtre Italien de Paris. Son plus haut fait d'armes est probablement d'avoir achevé la version de 1833 du Stabat mater de Rossini (qui était dans l'incapacité de mener à bien son travail), mais il est aussi l'auteur d'opéras, de symphonies, de sonates...


et... d'au moins une valse : celle-ci !


Suite aux recherches que nous avons faites au sujet de ce morceau, il semblerait que cette valse soit quasiment inconnue. En effet, nous n'avons trouvé aucune trace de la partition, ce qui n'exclut pas qu'elle dorme quelque part dans la bibliothèque d'un collectionneur de partitions anciennes. (Les curieux qui la repèreront sur la page wikipédia dédiée au compositeur doivent savoir que c'est nous qui l'y avons ajoutée.)

Ne reculant devant aucun effort, nous avons même téléphoné au Palais Royal de Belgique, où on nous a dit ne pas disposer de cette partition. Cela aurait pourtant été logique puisque celle-ci est composée en l'honneur du 1e souverain belge.


première page de la partition de la grande valse de Tadolini arrangée par Miné pour piano à 4 mains

Ne reculant réellement devant aucun effort, nous nous sommes dits que cette lacune devait absolument être comblée ! Nous avons donc demandé à notre comparse Ilkay Bora Oder (son site est ici) s'il pouvait se saisir de cet arrangement pour piano à 4 mains et le transformer en musique pour orchestre, ce qu'il a, comme à son habitude, fait avec beaucoup d'implication et de brio.

Le résultat est à trouver sur YouTube dans 2 versions. L'une comprend toutes les répétitions qui avaient été voulues par Tadolini suivant sa partition. La valse ainsi recomposée durant plus de 11 minutes, nous avons demandé à Ilkay d'en faire une version plus courte en enlevant autant que possible les répétitions. Nous arrivons alors à un morceau qui dure tout de même plus de 6 minutes!

Que ce soit pour l'une ou l'autre des versions, merci à Ilkay d'y avoir glissé tout le souffle et la majesté (c'est le cas de le dire) nécessaires !

Même si nous n'avons pas trouvé la partition en ligne, nous avons tout de même poursuivi nos recherches, ne fut-ce que pour la dater.


Est-ce à dire qu'il ne reste rien de rien de cette valse ?


La seule certitude que nous avons est que des "valses dédiées au roi Léopold" composées par Tadolini ont été jouées aux Concerts Saint-Honoré à Paris en décembre 1837 comme attesté par le journal "Le Temps" du 12 de ce mois. De là à affirmer que la grande valse qui nous intéresse faisait partie de celles-là, il n'y a qu'un pas que nous n'allons pas franchir, mais nous n'avons néanmoins rien de mieux à proposer !


extrait du journal "Le Temps", 12 décembre 1837

Finalement, comment pouvions-nous conclure notre exercice de reconstitution ? Et bien en envoyant un pli au Palais Royal de Belgique pardi, nous improvisant, au moins dans notre imaginaire, fournisseurs de la Cour...

Nul doute que cela ne fera pas le Noël du Roi et de la Reine : ils ont d'autres choses à faire, ni votre Noël d'ailleurs, vous qui risquez de ne pas imaginer l'état d'excitation dans laquelle cette expérience nous a mis !

Reste au moins une autre antiquité légèrement remarquable que nous vous proposons d'écouter au pied du sapin...






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