Duval, père des Lanciers
- yvesschairsee
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Notre rédacteur en chef a encore frappé ! Ses vélléités de généalogiste amateur nous ont déjà valu des explorations plus ou moins poussées des familles Laborde (voir ici), Cellarius (ici), Landrin (ici), d'Henri Marx (ici) et de Louis Julien Clarchies (ici). Il remet ici le couvert avec le maître à danser Duval(l), qui publie le quadrille des Lanciers à Dublin en 1817 (voir le 1er volet de notre saga sur cette contredanse ici).
Ce faisant, nous continuons le travail entamé par Paul Cooper du site www.regencydances.org : dans l'étude qu'on trouve ici, celui-ci avait déjà investigué quel pouvait être ce "Duval", mais des données généalogiques complémentaires nous ont permis d'aller plus loin dans les recherches.
Jusque maintenant, notre rédac' chef s'était attaqué uniquement aux archives françaises et avait confié l'exploration des archives étrangères à d'autres. Cette fois, il se lance dans la lecture des archives britanniques. La qualité des investigations en est peut-être diminuée par manque de maîtrise des sources disponibles, néanmoins, même avec des lacunes inévitables, on peut considérer que les données collectées constituent un ensemble cohérent de pièces provenant de sources différentes qui se recoupent et se renforcent mutuellement. Ce qui est décrit ci-dessous nous semble donc donner une image extrêmement probable des origines du maître à danser Duval(l).
WWW.CHARLESDUVAL.ORG
Nos avancées trouvent leur origine dans le site web www.charlesduval.org dédié au peintre Charles Allen Duval (1810-1872) mis en ligne par son arrière-arrière-petit fils Stephen C. Askey. Il contient des informations particulièrement utiles sur la généalogie de l'artiste (dont on lira la biographie ici) et on y lit une dizaine de lignes faisant un lien avec le maître de danse Duval de Dublin. En 1863, le peintre a écrit un manuscrit où, entre autres choses, il liste les membres de sa famille. Et ce qu'on y trouve est assez miraculeux.
Le site présente cependant un problème majeur : il est aujourd'hui hors ligne et n'est plus accessible dans son intégralité ! Nous avons tenté de contacter Stephen C. Askey via différents réseaux sociaux, mais nous n'y sommes pas parvenus. Nous avons donc dû prendre nous-mêmes notre bâton de pélerin pour parcourir les archives britanniques. Au final, nous avons réuni des infomations qui nous permettent d'écrire beaucoup plus que 10 lignes !
Pour prendre connaissance des informations du site www.charlesduval.org, nous avons pu nous reposer sur ce qui y avait été puisé par les généalogistes Lise Kreps et Phil Williams. Nous avons aussi posé des questions ciblées à chatgpt qui avait digéré les données du site et les a conservées en mémoire !
DUVAL PÈRE
Commençons par le grand-père paternel du peintre car il semble être à la base d'une "déviation" de la famille vers la danse.
On s'aperçoit immédiatement que le nom francisé "Duval" est à la base plus complexe : l'aïeul de Charles Allen Duval s'appelle en fait John Wall-du Val. Il poursuit d'abord une carrière militaire en tant que capitaine. Cependant, à la fin du 18e siècle, il a une femme et une famille nombreuse à charge (nous le montrerons plus bas), et sa solde n'est pas suffisante pour les entretenir. Il quitte donc l'armée et déménage à Londres où il s'installe comme professeur de danse. (source de cette anecdote = The Williams Family Tree)

L'examen de l'acte de mariage reproduit ci-dessus nous amène à relativiser ce qui est dit sur le site de généalogie consulté : en effet, au moment de son mariage avec Ann Atkinson, John Duvall est déjà dit "dancing master" alors que ses enfants ne sont pas encore nés. De plus, l'acte illustre la dualité du nom qui est la clé de compréhension de la famille : les membres seront parfois appelés Duval ou Duvall, parfois Wall-du Val voire Wall. Phil Williams (sur son site The Williams Family Tree) affirme que John Wall du Val (que nous nommerons "Duval père" dans la suite du récit) ajouta "Du Val" à son nom de famille "Wall", pensant que cela donnait une note de distinction supplémentaire à sa nouvelle profession de maître de danse. (Ce que nous comprenons fort bien : en effet à l'époque, être Français ou avoir appris la danse à Paris est le comble du chic pour les maîtres à danser britanniques et est un atout commercial pour leur activité.)
Phil Williams ajoute que "Du Val" était l'ancien nom de la famille. Nous aurons l'occasion d'y revenir...
UNE FRATRIE DE PROFESSEURS DE DANSE
Pour ce grand-père devenu professeur de danse à Londres, le site web www.charlesduval.org cite la descendance suivante, issue de son mariage le 20 août 1764 à Liverpool avec Ann Atkinson. Les personnes citées ci-dessous sont donc les père, oncles et tantes du peintre Charles Allen Duval :
John William Wall‑du Val – né le 26 juin 1765 (décédé à 5 mois)
Sarah Ann Wall‑du Val – née le 26 juillet 1766 (sans descendance)
Julius Caesar Wall‑du Val – né le 12 octobre 1768 (décédé en mai 1772, à 3 ans)
Charles Allen Andrews Wall‑du Val – né le 22 septembre 1770
John Arthur Wall‑du Val – né le 21 octobre 1773 (célibataire, sans descendance)
William Augustus Caesar Wall‑du Val – né le 22 avril 1775 (soldat, célibataire, sans descendance)
Juliana Wall‑du Val – née le 22 février 1777 (célibataire)
Octavius Caesar Wall‑du Val – né le 22 février 1779
Julius Caesar Wall‑du Val – né le 15 mai 1781 (décédé à 1 an 6 mois)
Elizabeth Mary Wall‑du Val – née le 20 mai 1784 (célibataire)
Edward Julius Caesar Wall‑du Val – né en décembre 1787 (décédé en enfance)
On passe vite sur la constatation que John Wall-du Val et/ou sa femme Ann Atkinson avaient visiblement une fascination pour les empereurs romains vu leur utilisation récurrente des prénoms Julius, Caesar, Augustus et Octavius : ceci n'est pas le sujet de notre enquête ! On dira simplement que cette fratrie nombreuse décrite dans le manuscrit de 1863 nous semble digne de confiance. En effet, sans chercher outre mesure, on trouve effectivement le baptême d'enfants à Londres : de John Arthur en 1773, de William Caesar en 1775 et d'Edward Octavius Caesar en 1779, tous trois dans la paroisse de Saint-Andrew (Holborn). (source = https://www.ancestry.co.uk/)
La famille s'est donc effectivement établie à Londres. La "migration" est cependant marquée par au moins une étape : le 16 septembre 1766, Sarah Duvall, fille de John Duvall, est baptisée à Llanbeblig, dans le Comté de Caernarvonshire en Ecosse (à l'ouest de Liverpool, près de la côte, quasiment au niveau de Dublin de l'autre côté de la Mer d'Irlande). (source = https://www.findmypast.co.uk/)

Pour la même année et le même endroit, nous trouvons une publicité dans le journal "Chester Courant" du 6 mai 1766 annonçant que le maître de danse Duvall a l'intention d'ouvrir un pensionnat pour jeune fille à Carnarvon. Différents cours seront au programme, notamment la danse et le français.
On trouve le mariage de Sarah Ann dans la même paroisse de Saint-Andrew à Holborn où semble être établie la famille : le 16 janvier 1785, Sarah Ann Wall épouse John Edward Burghall (voir image ci-dessous).

Cet acte serait anecdotique s'il ne permettait de faire un lien formel entre les Wall ou Wall Du Val de Holborn et Duval de Dublin. En effet, le 22 décembre 1801 est publiée une publicité où Monsieur Burghall fait la promotion de ses cours de danse à Londres. Outre le fait qu'il est lui aussi professeur de danse, on voit que, entre autres danses, le professeur londonien tient les pas irlandais de son beau-frère, Monsieur Duval, établi Premier maître en Irlande.

D'autres journaux permettent de nous éclairer sur la fratrie des professeurs de danse Duval(l). Ainsi, plus tard, "The Morning Herald" du 7 octobre 1822 indique que Madame Burghall, veuve de J.E. Burghall, a ramené les derniers pas à la mode à Paris après une visite sur le continent qu'elle a effectuée avec sa soeur "Mademoiselle Duval". Il est ainsi clair que Duval a au moins 2 soeurs qui sont aussi professeures de danse, ce qui montre clairement qu'il y a eu une dynastie de maîtres des danse chez les Duval.


Le journal irlandais "Freeman's Journal" dit déjà le 10 mai 1820 (voir ci-contre) que Mr Duval (de Dublin) et sa soeur très admirée Bess (ndlr : diminutif usuel de "Elizabeth") ont dansé de manière remarquable pendant un bal réglé par Mr Duval à la Rotonde.
Ces informations sont compatibles avec la fratrie dont nous citions les membres plus haut : Sara Ann née en 1766 et Elizabeth Mary née en 1784 semblent correspondre. De plus, il y a suffisamment de frères qui pourraient être le "Duval de Dublin".
Sans qu'on ait vraiment compris sur quelles bases, diverses sources indiquent déjà que Duval de Dublin s'appelait John, comme John Arthur Wall‑du Val né en 1773. A priori dubitatifs, au final nous sommes plutôt favorables à cette affirmation comme cela apparaît ci-dessous dans notre recherche des Duval de Dublin.
LES DUVAL DE DUBLIN
On sait qu'Edward Octavius Caesar Wall-du Val, le frère de John Arthur né en 1779, a résidé à Dublin. Il s'y marie à Sarah Eskildson le 19 décembre 1804, alors qu'ils habitent à Drumcondra, village au nord de Dublin. Notez que la mariée n'est pas n'importe qui car elle est la fille du consul du Danemark en Irlande.

Edward Octavius Caesar Duval et Sarah Eskildson sont les parents du peintre Charles Allen Duval (1810-1872) dont nous parlions à l'entame de cet article, celui dont les données généalogiques nous ont permis de recoller les morceaux de la famille.
Ils ont un autre fils, nommé George William Duval, qui a vécu à Dublin. En effet, il s'y marie en 1832 avec Clara Maria Lodge. De plus, le "Dublin Evening Packet and Correspondent" du 11 décembre 1834 fait état d'un différend qui s'est terminé au bureau de police et qui oppose "William Duval" à son propriétaire. William Duval est dit être le "neveu de Mr John Duval, le maître à danser". Le différend consiste dans le fait que le maître de danse fait danser les garçons avec les filles dans le bâtiment, que ceux-ci galopent dans les escaliers de haut en bas et de bas en haut et qu'ils boivent vins et spiritueux, ce qui engendre une "mesure de rétorsion" du propriétaire.)
Outre le lien de parenté, on sait de plus que ce neveu, frère du peintre, va aussi s'essayer plus ou moins durablement au métier de professeur de danse. En effet, dans sa rubrique (peu glorieuse) "débiteurs insolvables" du 4 avril 1832, le "Dublin Morning Register" mentionne "George William Duval d'Abbey street, précédemment de Drumcondra, professeur de danse."

LES BIENFAITS DE CLONTURK

Au terme de toutes ces énumérations de personnes, il est évident que John Duval de Dublin est bien l'oncle du peintre Charles Allen Duval. Il fut professeur de danse, comme son père, au moins 2 de ses soeurs et un neveu.
Néanmoins, il semble que nous pouvons aller plus loin dans l'étude des faits et gestes de John Duval. En effet, dans les récits qu'elles font de l'Histoire de Drumcondra, plusieurs sources rapportent qu'un maître à danser célèbre nommé Duval a essayé d'y exploiter une source d'eau ayant prétendûment des qualités curatives. On le lit dans le journal "Irish Independent" (dont l'article est ici) et dans le livre de 1920 "A history of the County Dublin" (dont on voit la couverture ci-contre et dont on trouve une version digitale ici). De son côté, le site irelandxo.com rapporte ici que les faits liés à la source sont dus à "John Arthur Wall Du Val né en 1773", ce qui ne laisse aucun doute sur l'identité de la personne (nous n'avons cependant pas pu vérifier l'origine de cette information auprès d'eux car ils n'ont pas répondu à notre demande d'explications).

En 1819, Duval découvre une source sur son domaine et la fait analyser. L'eau présente des propriétés chimiques qui la rapprochent de l'eau de Harrogate, célèbre ville thermale britannique. Il s'avère cependant que ces caractéristiques sont dues à des déchets métalliques se trouvant au fond d'un puits et qui sont enlevés. Ne reculant devant rien, Duval remplit à nouveau le puits de déchets pour conserver ces propriétés !
On trouve une trace indirecte de ce fait dans les journaux où Duval fait publier l'analyse faite de l'eau de son domaine et les bienfaits que plusieurs médecins pensent pouvoir en retirer pour la santé. À voir dans le carrousel aux images ci-dessous (cliquez sur chacune des images pour voir le texte dans son intégralité).
Pour décrire les faits de manière plus vivante, nous reproduisons ici un extrait de "The Dublin Builder" du 15 août 1870, qui a l'avantage de nous transporter à Drumcondra comme si nous y avions été. Il revient sur cette histoire un peu abracadabrante 50 ans après les faits, mais nous conte aussi l'exploitation commerciale qui en est faite : Duval transforme les environs de sa demeure en lieu de détente pour les Dublinois.
En approchant du village de Drumcondra par la route de Richmond, nous passons au-dessous d’un manoir gris d’apparence ordinaire, situé sur une colline. Il s'agit de la "Clonturk House" : elle était autrefois occupée par un Français, ou un homme d'origine française, nommé Duval. Le terrain autour de ce manoir était un lieu plein d'attraits pour les amateurs de plaisir de Dublin il y a plus d'un demi-siècle. En 1819, l'entreprenant Duval s'efforça de convertir ces terrains de Clonturk en un second "Vauxhall Gardens", tel qu'était le Vauxhall lorsque George était roi. À l'aide de puits à eau minérale, de spas artificiels, dans lesquels on jetait du soufre, de vieux clous, des fers à cheval et des objets divers, il offrait aux citoyens des boissons issues de sources ferrugineuses, artificiellement plaisantes à défaut d'être naturellement pures. De plus, il y avait des balançoires, des manèges, des fusées, des ballons et divers feux d'artifice. Les spéculations de Duval se poursuivirent pendant un certain temps, et Drumcondra Road était bondée les dimanches et les jours fériés – au point de devenir une sorte de lit de fraises (sic). Duval eut son heure de gloire : les citoyens eurent leur plaisir ; mais tout ne se passa pas comme prévu — la mode changea, et les gloires de Clonturk s'évanouirent.

La présence de John Duval à Clonturk est avérée en 1824, année où le "Dublin Evening Mail" cite les habitants dans son édition du 27 octobre (voir ci-contre).
Certaines sources prétendent que c'est Duval lui-même qui fait construire Clonturk House. C'est par exemple le cas de "The Dublin University Magazine" en son volume 42 de 1853.
Pour se rendre compte de l'étendue de la propriété de Duval, on se tourne vers un article paru dans le "Saunders's News-Letter" du 1e février 1832 où on annonce des enchères pour la maison et le domaine de Clonturk. Même si ces biens sont dits "property of the late William Tisdall, Esquire" (propriété de feu William Tisdall, écuyer), ceux-ci sont aussi dits "formerly Mr. Duval's" (voir surlignage sur la photo), c'est à dire qu'ils "appartenaient précédemment à Mr Duval".
On vous laisse lire l'article dans son intégralité. Le moins que l'on puisse dire est que la liste des biens mis aux enchères est extrêmement impressionnante ! John Duval devait donc être riche ou devait au moins tout faire pour le paraître !

Ci-dessous une photographie de l'actuelle Clonturke House. On ne sait pas si elle correspond bien à la bâtisse dont on énumère le contenu ci-dessus. Le site irelandxo.com rapporte pour le moins que des rénovations importantes ont eu lieu en 1880 dont résulte sa façade actuelle de style géorgien. Les ballustrades, récupérées d'un ancien pont, ne sont pas d'origine non plus.

En 1826, une publicité de "Saunders's News-Letter" du 6 novembre indique que Mr Duval ouvre son académie à la Rotonde. Dans celle-ci, il est dit explicitement que l'on peut s'adresser directement à lui à sa maison à "Spamount, Drumcondra".

Nous nous demandons si le toponyme de "Spamount" ne désigne pas la coline (mount) où Duval exploitait son spa. Ce nom de lieu ne semble pas avoir perduré dans le temps.
LE DECLIN DE DUVAL
Lise Kreps, descendante de Edward Octavius Caesar Wall Du Val, frère de John, nous signale que ce dernier a écrit un testament en 1827. Si les listes peuvent encore exister, l'incendie des archives du Public Record Office à Dublin en 1922 pendant la guerre civile irlandaise a en grande partie détruit les testaments anciens. En tout état de cause, nous n'avons pas pu avoir accès au testament dont on connait cependant l'existence grâce à un index dont on montre l'extrait qui nous intéresse ci-dessous.

Néanmoins, il est cohérent avec une nécrologie hagiographique qui paraît dans la "Saunders's News-Letter" du 5 juillet 1827 et qui informe du décès de John Duval de Drumcondra "après une longue et grave maladie".
Les esprits pointilleux auront repéré que Duval est dit avoir 60 ans au lieu de 53, âge qu'il devrait avoir compte tenu de la date théorique de sa naissance. Cela nous dérange également, néanmoins un journal n'est pas un acte d'état civil et on suppose qu'on peut admettre qu'il y ait eu quelques approximations dans le chef du rédacteur.

Pour les activités de maître à danser qui continuent à avoir lieu après cette date, nous supposons qu'elles pourraient être le fait du neveu de John Duval. En effet une espèce de franchise "Duval professeur(s) de danse" est peut-être née, qui continuerait à être exploitée par les membres de sa famille après le décès de John.
QUELLES ORIGINES FRANÇAISES ?
Il nous reste à parler des supposées origines françaises de Duval. Régulièrement on le dit Français, mais est-ce correct ?
Suivant les généalogistes qui se sont penchés sur la famille Wall-Du Val, la réponse est clairement "NON" !
Comme nous le signalions déjà plus haut, Phil Williams du site https://williamsfamilytree.co.uk/ disait que l'élément de nom "Du Val" avait été récupéré dans le but marketing de rendre Duval père fashionable en tant que professeur de danse.
Le même site donne le grand-père de John Duval père comme étant l'écuyer Edward Wall, qui n'a rien de Français.
Le fait qui nous intéresse tout particulièrement c'est qu'il existe un "scroll" qui concerne la famille Wall.
Dans le contexte de la généalogie des familles britanniques, un "scroll" désigne un document manuscrit ou calligraphié, généralement présenté sous forme de rouleau, qui retrace la lignée d’une famille. C’est une forme traditionnelle de représentation de la généalogie et des armoiries, employée notamment dans les cercles héraldiques ou aristocratiques. Elle entraîne une reconnaissance sociale importante pour la famille.

Le "Duval Family Scroll" remonte jusqu'à la bataille d'Hastings en... 1066, au moment où le roi normand prend possession de l'Angleterre. C'est le guerrier normand "Homo de Valincourt" (également appelé "Wallcourt"), qui combattit dans la bataille aux côtés de Guillaume le Conquérant, qui donne naissance à la famille qui nous intéresse. En remerciement de ses services guerriers, il aurait reçu des terres en Angleterre, dans les comtés de Suffolk et d'Essex.
Ce scroll, qui atteste de l'ascendance normande de la famille, a été validé vers 1756 par John Hawkins, Ulster King of Arms (alors reponsable de l'enregistrement des familles irlandaises). Celui-ci appose son sceau sur le scroll, reconnaissant ainsi officiellement la généalogie présentée par la famille Wall du Val, qui renforce leur prétention à une ascendance noble remontant à l’époque normande.
Remarquons que l'apposition du sceau a lieu un peu moins de 10 ans avant que John Duval père épouse Ann Atkinson.
Clairement, les Wall-Du Val sont britanniques depuis trèèèès longtemps, mais doit-on prendre cette ascendance normande du Moyen-Âge pour argent comptant ?
Bien que le document ait été accepté par une autorité héraldique, cela ne signifie pas que chaque information soit historiquement exacte : l'Ulster King of Arms certifiait la cohérence d’une filiation présentée, mais ne menait pas nécessairement des enquêtes profondes sur les périodes antérieures aux registres civils. Une validation héraldique pouvait reposer en partie sur des documents fournis par la famille elle-même, sans vérification extérieure rigoureuse.
Au XVIIIe siècle, de nombreuses familles protestantes ou bourgeoises revendiquaient une ascendance normande ou huguenote afin de légitimer leur statut social. Ces reconstructions étaient parfois embellies ou déduites à partir d’homonymies, de similitudes de blasons ou d’anciens documents difficiles à authentifier.
En ce qui concerne le "Duval Family Scroll", l'ascendance remontant à un ancêtre normand nommé Homo de Valincourt n’est a priori pas documentée par des sources médiévales indépendantes connues aujourd’hui.
RESUME
Comme on a aligné les observations, il nous semble utile de résumer ce que nous avons dit pour fixer les esprits sur ce qu'on sait de John Duval, le créateur des Lanciers.
John Duval est issu de la famille "Wall". Vers 1756, celle-ci fait valider auprès de l'Ulster King of Arms l'ascendance normande de la famille : l'ancètre de celle-ci serait "Homo de Valincourt" (également appelé "Wallcourt"), qui combattit dans la bataille d'Hastings en 1066 aux côtés de Guillaume le Conquérant. La validation du "Duval Family Scroll" par l'aurorité héraldique permet une reconnaissance sociale importante pour la famille.
Par la suite, John Wall / Wall-Du Val père utilise le nom de Duval pour ses activités de maître à danser. L'utilisation du patronyme "Duval" se généralise dans la famille. Vers 1770, Duval père exerce son métier de professeur de danse à Londres, où il est établi dans la paroisse de Saint Andrew à Holborn.
John Duval fils, le créateur du quadrille des lanciers s'établit à Dublin. Dès le début du 19e siècle, des Duval vivent dans le village de Drumcondra, au nord de la capitale irlandaise.
Les Duval sont une dynastie de professeurs de danse. Au moins 5 Duval ont exercé ce métier : John Duval fils, son père, 2 de ses soeurs et un de ses neveux.
Charles Allen Duval, un autre de ses neveux, deviendra un peintre reconnu.
Dès 1819, John Duval fils tire parti d'une source se trouvant sur son terrain de Clonturk House, à Drumcondra, et tente d'exploiter les prétendues vertus thérapeutiques de celle-ci pour transformer son terrain en lieu de cure et de divertissement pour les Dublinois. Les éléments "thérapeutiques" sont en fait dus à des déchets, notamment des déchets métalliques, qui ont été jetés dans un puits.
John Duval a habité à Clonturk House. Certaines sources précisent que c'est lui qui a fait bâtir le manoir.
John Duval fils meurt en 1827. Ses activités de maître de danse sont reprises par son neveu et potentiellement d'autres membres de sa famille.
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